Tango et Ego : Un Duo De Choc !
Le tango est bien plus qu'une simple danse. Il expose nos vulnérabilités, réveille notre ego et révèle la manière dont nous interagissons avec les autres. Nous sommes toutes et tous concerné.e.s de près ou de loin par ces phases - de la fragilité des débuts à la tentation de la certitude en progressant - et, avec le temps, l’expérience et un travail personnel, il est possible de gérer ces défis avec plus de recul. Le tango devient alors non seulement une danse, mais un outil de transformation, un chemin vers l'ouverture et la gestion de l'ego.
Dans cet article, je propose d’explorer comment l’ego interfère dans l’apprentissage du tango, notamment à travers la gestion des feedbacks, la relation aux rôles de leader et de follower, ainsi que l’importance d’un espace d’écoute dans les cours.
L’Ego à tous les étages
Dès les premières phases d’apprentissage, l’ego se manifeste souvent sous la forme d'une fragilité. Lorsqu’on est débutant.e, on peut parfois manquer d’assurance et ressentir les feedbacks comme des attaques personnelles. Cette réaction défensive peut amener à rejeter les feedbacks, en se concentrant sur les erreurs de l’autre plutôt que de reconnaître ses propres difficultés.
Lorsque l’on est danseuse/danseur plus avancé.e, on peut tomber dans l’arrogance. Se croyant au-dessus des critiques, on risque de stagner dans notre progression, persuadés que nous avons déjà tout compris. Cela peut se traduire par une tendance à corriger les autres, même lorsque ce n'est pas notre place, oubliant que l’apprentissage est un processus continu, même pour les plus expérimentés.
Feedbacks et ego
La manière dont nous gérons les feedbacks — aussi bien les recevoir que les donner — révèle beaucoup de notre ego. Refuser les retours, que ce soit de la part d’un.e partenaire ou d’un professeur, est souvent une manière de se protéger d’un sentiment d'incompétence, nous empêchant de voir la critique comme une opportunité d’amélioration.
D’un autre côté, donner des feedbacks à tort et à travers, surtout lorsqu’on n’a pas l’expérience nécessaire, peut aussi être une expression de l’ego. Corriger sa/son partenaire constamment, que ce soit en cours ou lors d’une pratique, détourne l’attention de son propre apprentissage. Cela empêche également un travail d’écoute et de réflexion personnelle, indispensables pour progresser.
Cultiver un dialogue corporel
Dans un cours collectif, il est essentiel de rappeler que le tango est un langage corporel nous invitant à une écoute sensorielle. Parler tout le temps, surtout pour donner des conseils non sollicités, peut parasiter l’apprentissage. Au contraire, il est bénéfique d’intégrer des moments d’exploration sans paroles, où chacun peut se concentrer sur ses sensations et affiner son interaction avec l'autre. Ces temps d’écoute favorisent une meilleure compréhension mutuelle. Ensuite, dans un second temps, il peut être constructif de partager ses ressentis, dans un cadre respectueux, pour affiner la connexion et la technique. Le silence et l’écoute permettent souvent d’atteindre des niveaux de communication plus profonds, sans passer par l'ego.
Apprendre les deux rôles : modérer l’ego
Depuis que j’enseigne, je considère qu'explorer les deux rôles est essentiel. Cette démarche enrichit non seulement la technique, mais constitue également un levier pour notre ego, car maîtriser les deux rôles nous oblige à remettre en question nos certitudes et à faire preuve d'humilité. En alternant entre leader et follower, on comprend mieux les défis de chaque rôle, ce qui favorise l'empathie, stimule la cognition, et renforce l'engagement. De plus, cela fluidifie les interactions en réduisant les déséquilibres entre les rôles et améliore la confiance et l’autonomie de la danseuse/du danseur.
Le tango comme miroir de l’âme
Le tango, bien plus qu’un enchaînement de pas, est un miroir révélateur de nos comportements et de nos dynamiques intérieures. L’ego, qu’il se manifeste par la fragilité des débutants ou par l’arrogance des avancés, est un obstacle auquel il faut faire face pour progresser véritablement. En apprenant à accepter les feedbacks avec humilité, à se concentrer sur son propre chemin sans juger celui des autres (pas facile!), et en adoptant une approche ouverte à travers les deux rôles, le tango devient un outil puissant de transformation.
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Sandrine Navarro
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Commentaires
C est un temps privilégié pour être à l ecoute de soi, à l ecoute de son partenaire et de la musique. Ceci exige de grandes qualités personnelles...esprit positif et humilité et confiance en soi....
Très intéressant cet article et si vrai. Le Tango pour mieux se connaître. Un monde fascinant où l’on ne cesse d’apprendre sur soi et sur les autres. 🙏